Presentation
La troisième édition des Ateliers de la Pensée, "Basculement des mondes et pratiques de dévulnérabilisation", se situe dans la continuité des précédentes sessions dont l’objectif était de tracer de nouveaux chemins dans la pensée et dans la pratique, et de scruter le présent et le futur de notre monde à partir de l’Afrique.
Nouvelle partition de la planète
A l’échelle de la planète, un nouveau cycle de redistribution du pouvoir, des ressources et de la valeur se met en place et se consolide. Une autre partition du monde s’esquisse, en même temps que se dessinent d’autres géographies de la Terre. Si ce cycle suscite l’espoir d’approfondir les possibilités de vie et d’agir de nombreux groupes humains, il n’en demeure pas moins qu’à peu près partout, il entraine des télescopages, une redistribution inégalitaire de la vulnérabilité et de nouveaux et ruineux compromis avec des formes de violences aussi futuristes qu’archaïques.
En Afrique et dans d’autres régions du globe, l’extraction à outrance des ressources naturelles non renouvelables s’intensifie, avec des effets destructeurs pour les peuples, la biodiversité et la sauvegarde du système-Terre.
Au Nord comme au Sud, beaucoup trop de groupes humains ou de classes de populations sont victimes de formes insidieuses d’abandon. Laissés sans protection et de plus en plus exposés à des risques accrus, ils font l’expérience de multiples vulnérabilités.
Celles-ci sont d’ordre sécuritaires, économiques, politiques, juridiques, symboliques, psychologiques, environnementales, spirituelles. L’insécurité humaine, l’indigence économique, la précarité alimentaire, les défis écologiques, les crises du politique et de la mutualité, les crises du symbolique sont certaines de leurs expressions. Elles sont souvent inter-sectionnelles et se renforcent mutuellement. Mises ensemble, elles sapent les capacités des individus, groupes et communautés vulnérabilisées à faire corps, fragilisent leur existence et entravent leur bien-être. Elles compromettent aussi leur épanouissement et portent atteinte à leur dignité, rendant plus difficile la réalisation de l’humaine aspiration à une vie sure, saine et digne.
Un appel à faire Monde
Le premier axe de l’édition III des Ateliers de la pensée analysera ces situations, leurs paradoxes et leurs déterminants. Il s’appesantira sur les formes d’abandon et les logiques de prédation qui, souvent, les sous-tendent. Mais par-delà les situations de détresse humaine, il s’agira surtout de se pencher sur les pratiques de dévulnérabilisation.
Il s’agit, pour l’essentiel, de la gamme d’actions entreprises par des sujets individuels et collectifs en situation pour réactiver et relancer les potentiels de vie, tout en générant les ressources matérielles et symboliques nécessaires à la reproduction sociale. Il s’agit par ailleurs de pratiques de soin, de réparation, de restitution, de réhabilitation, de reconstruction, portées par des sujets concrets dans leur vie propre.
Ces pratiques se donnent à voir dans maintes situations de la vie de tous les jours. Dans leur foisonnement, elles sont la manifestation d’un profond appel à vivre et à faire monde. Il s’agira d’explorer ces formes de remédiation, les ressources et énergies vitales nichées dans la longue mémoire des sociétés qu’elles mobilisent, les langages dans lesquels elles s’expriment, et ce qu’elles disent de la vie, de la nature et de l’humanité aujourd’hui.
Un futur sans promesses
Par ailleurs, le monde bascule dans un temps étrange. Un nouveau régime d’historicité s’esquisse. Il est pour l’heure difficile à saisir et semble ne déboucher que sur un futur sans garantie et sans promesses. Qu’il s’agisse de l’escalade technologique, de l’entrée dans la culture numérique ou de l’émergence de nouveaux modes de calcul intensif, c’est un monde déréalisé prenant à rebours les processus vitaux qui semble se dessiner.
Le retour des populismes, des ethno-nationalismes et des idéologies de la suprématie raciale (USA, Inde, Brésil, Turquie, Hongrie, Italie …), la réactivation des “communalismes”, l’intensification des “guerres du genre” et des guerres contre les parias de toutes sortes (migrants, étrangers, inconnus, sans-papiers, chômeurs) semblent prendre le dessus sur le projet de fraternité et de sororité universelle.
Témoignent par ailleurs de ce monde en dispersion la crise de la démocratie libérale et représentative, les impérieux défis écologiques, les entraves à la mobilité et la frontiérisation du monde, la mise en danger des conditions biologiques de la reproduction de la vie humaine et les tentations du post-humanisme. Typiques des mutations en cours, tous ces phénomènes attestent des débordements en cours et des mouvements en profondeur de la géopolitique mondiale.
Ces mouvements entraînent dans leur sillage une disruption des temporalités, une remise en chantier des métaphysiques, un changement de régime d’historicité. En déréliction, le paquebot-monde semble voguer vers des terres dont nous ne distinguons pas encore les contours et les lisières.
Réinventer l’en-commun
Le deuxième axe de l’édition III des Ateliers de la pensée sera consacré à l’exploration de ces basculements. Pour y parvenir, il n’est pas seulement besoin d’un nouveau lexique, ou de nouveaux concepts puisés dans une multiplicité d’archives, de terrains et expériences. Il est urgent que langues, expériences et pensées puissent (se) penser les unes à travers les autres.
Afin d’organiser la rencontre de ces terrains et expériences et de ces pensées et langues, en plus de ceux d’Afrique et de ses diasporas, des intellectuel(le)s, écrivain(e)s et artistes de toutes les géographies du monde (Asie, Amériques, Europe) seront invités à participer aux Ateliers.
L’ultime but de cet effort d’intelligibilité et de lucidité est de voir clair dans le brouillard qui s’épaissit, de défaire l’opposition entre la pensée et la pratique et en cette étrange époque, de participer à la création des conditions favorables à l’épanouissement d’une pensée de la vie et de l’en-commun.
Achille Mbembe - Felwine Sarr.
Dans la
continuité des précédentes éditions
axes thematiques
Vulnérabilités écologiques et ontologies relationnelles.
Migrations, frontières et mobilités.
Traces, mémoires, histoire.
Réparations, résilience et soin.
Génocides, crimes de masse, extrémismes religieux violents et résilience.
Minorités politiques, symboliques et représentation.
Vulnérabilités économiques et sociales et pratiques de dévulnérabilisation.
Identité, folie, soin.
Vulnérabilités épistémologiques.
Près d'une
cinquantaine
d'intervenants
Edwy Plenel |
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intervenants
Achille Mbembé
Historien camerounais, politiste, philosophe
Professeur à Witwatersrand (Johannesbourg)
Laurent Dubois
Rama Yade
Rokhaya Diallo
Souleymane Bachir Diagne
Philosophe sénégalais
Professeur à Columbia University (New-York)
Nadine N. Machikou
Politiste camerounaise
Professeure à l'Université Yaoundé II
Mehdi Alioua
Sociologue marocain
Enseignant à l'Université internationale de Rabat, Spécialiste des migrations
Yala Kisukidi
Philosophe franco-congolaise
Maîtresse de Conférences à l’Université Paris VIII
El Hadji Malick Ndiaye
Lilian Thuram
Joseph Tonda
Aline Ndenzako
Abdourahmane Seck
Historien sénégalais, anthropologue
Professeur à l'Université Gaston Berger (Saint-Louis)
Kader Attia
Karima Lazali
Bénédicte Savoy
Angèle Diabang
Alioune Sall Paloma
Séverine Kodjo-Grandvaux
Philosophe et journaliste française
Fadel Barro
Parfait Akana
Leyla Dakhli
Françoise Vergès
Ecrivaine et politologue française
Sénamé Koffi Agbodjinou
Coumba Dieng Sow
Elsa Dorlin
Philosophe française
Professeure de Philosophie Politique à l’Université Paris VIII
Jamila Mascat
Malick Ndiaye
Saïd Abass Ahamed
Felwine Sarr
Ecrivain sénégalais, économiste
Professeur à l'Université Gaston Berger (Saint-Louis)
Lori-Anne Theroux-Benoni
Sammy Balloji
Divine Fuh
Dorcy Rugamba
Rodney Saint-Eloi
Editeur haïtien, écrivain, poète
Kako Nubukpo
Christiane Taubira
Ibrahima Wane
Professeur de littérature orale sénégalais à l’Université Cheikh Anta Diop (Dakar)
Etienne Minoungou
Dramaturge burkinabé, acteur de Théâtre, fondateur des Récréâtales
Mbougar Sarr
Ecrivain sénégalais
Chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris)
Bado Ndoye
Philosophe sénégalais
Maître de Conférences à l’Université Cheikh Anta Diop (Dakar)
Dialo Diop
Emmanuel Ndione
Mati Diop
Ra-Sablga Seydou Ouédraogo
Edwy Plenel
Nafissatou Dia
Rama Salla Dieng
ARTISTES INVITES
Etienne Minoungou
"Traces". Discours aux nations africaines. Un texte de Felwine Sarr, interprété par Etienne Minoungou. Accompagnement Simon Winsé. Une co-production Les Ateliers de la Pensée/ Le Théâtre de Namur.
Rokia Traoré
"Dream Mandé Djata". Une pièce théâtrale musicale écrite et interprétée par Rokia Traoré. Accompagnement Mamadyba Camara (Kora) et Mamah Diabaté (n'goni).
programme
30 OCTOBRE
31 OCTOBRE
01 NOVEMBRE
02 NOVEMBRE
Journée 1
Musée des Civilisations Noires
9h00-9h30 : Ouverture
9h30-11h00 : Session 1
Vulnérabilité écologiques, vulnérabilités symboliques, ontologies relationnelles
11h30-13h00 : Session 2
Mobilités, lieux, espaces
15h15-16h45 : Session 3
Minorités politiques, symboliques et représentation
Journée 2
Musée des Civilisations Noires
9h30-11h00 : Session 4
Traces, mémoires, Histoire
11h30-13h00 : Session 5
Réparations, résilience et dévulnérabilisation
15h15-16h45 : Session 6
Génocides, crimes de masse, extrémismes religieux violents et résilience
Cinéma de plein-air : Empire de la Médina
19h30-21h00 : Théâtre par Etienne Minoungou
Traces
Journée 3
Musée des Civilisations Noires
9h30-11h00 : Session 7
Identité, folie, soin
11h30-13h00 : Session 8
Vulnérabilités économiques, sociales et pratiques de dévulnerabiisation
Institut Français de Dakar
20h30 : Concert de Rokia Traoré
Dream Mandé Djata
Journée 4
Raw Material Academy (zone B)
9h30-11h00 : Session 9
Ecritures de soi, pratiques artistiques, instances de la cure
11h30-13h00 : Session 10
Bâtir, rêver, dire, panser le Monde
Institut Français de Dakar
19h30-01h00 : Nuit de la pensée
Basculement des Mondes
19h30- 19h50 : Keynote introductive
Souleymane Bachir Diagne
20h00-21h30 : Table-ronde 1
Basculement géopolitique, écologique des mondes
21h40-23h10 : Table-ronde 2
Chemins imprévisibles de l’Histoire
23h20-00h50 : Table-ronde 3
Un monde commun à inventer
Le rendez-vous
de la pensée critique
Afro-diasporique